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L’histoire de Cacharel

Cacharel : un nom que tout le monde connaît. La marque de mode est aujourd’hui emblématique. D’abord connue pour ses créations dans le prêt-à-porter, Cacharel résonne aujourd’hui davantage comme une marque de parfum que comme un créateur de vêtements.

Pour autant, la maison reste aussi bien parfumerie que marque de prêt-à-porter. Cacharel est forte d’une histoire de près de 60 ans. C’est cette histoire que vous allez découvrir tout au long de cet article.

Une histoire indissociable du parcours de son créateur, comme chez Dior : nous allons d’abord parler de Jean Bousquet. Ce dernier a révolutionné le prêt-à-porter avec une pièce aujourd’hui encore emblématique de Cacharel : le chemisier.
Nous ne vous en disons pas plus pour l’instant. Et comme toute histoire dans la mode commence à Paris, commençons par vous parler de l’arrivée de Jean Bousquet à la capitale…

Jean Bousquet : créateur de Cacharel

Jean Bousquet est tailleur à Nîmes lorsqu’il décide de venir s’installer à Paris. Jeune Nîmois ambitieux, il emporte avec lui son accent et son enthousiasme pour la mode féminine.

En 1962, le Nîmois installe donc son atelier de fabrication de pantalons pour femme, sa pièce de prédilection. La même année, il dépose le nom de sa marque : Jean Cacharel. Et le créateur a déjà bien défini ce qui défini sa jeune marque : liberté, fraîcheur, romantisme et avant-gardisme.

C’est une année plus tard que Cacharel commence à se faire connaître. La véritable histoire de la marque commence dans une chambre de bonne dans le Marais. C’est ici que Jean Bousquet va dessiner ce qui va devenir une pièce emblématique pour Cacharel : le chemisier en crépon rose.

La révolution ne tient pas tant à la pièce elle-même, ni à sa coupe. Elle tient dans la matière utilisée. Dans les années 1960, le crépon était en effet exclusivement utilisé pour fabriquer des sous-vêtements. Osé et impertinent, le chemisier va trouver son public auprès de femmes qui s’affirment et qui recherchent leur style.

Ces femmes vont découvrir la pièce à la une de Elle, portée par Nicole de Lamargé, photographiée par Peter Knapp. En 1966, le chemisier va permettre à Cacharel de se faire connaître comme une véritable marque de prêt-à-porter. La marque va même venir se confondre avec le chemisier lui-même qui sera surnommé “le Cacharel”.

Vendu 55 francs, la pièce connaît un véritable boom. Les Parisiennes se l’arrachent et toutes les femmes veulent voir le vêtement intégrer leur garde-robe. Lorsque Brigitte Bardot le noue sous sa poitrine, Cacharel devient une marque que l’on lit sur toutes les lèvres.

10 000 unités sont vendues et une usine est ouverte à Nîmes. Cacharel opère la transition de l’artisanat vers l’industriel, grâce à son fameux chemisier en crépon rose.

Ce premier succès ouvre la voie à d’autres pièces : des jupes, des robes, des pantalons. Jean Bousquet veut habiller les femmes de la tête au pied… L’idée d’un parfum Cacharel n’étant pas encore née !

Cacharel et le Liberty

Dans les années 70, Cacharel est une marque de prêt-à-porter bien installée en France.

Son créateur, Jean Bousquet, recrute sa belle-soeur : Corinne Sarrut. La jeune femme sort des Beaux Arts mais ne connaît pas grand chose à la mode. Pour autant, son sens vif du contemporain et son bon goût vont lui permettre de combler cette lacune.

Corinne Sarrut va permettre à Cacharel de connaître un deuxième grand succès après son chemisier. Cette fois, c’est un motif et non une pièce en particulier : le Liberty.

Aujourd’hui, le motif n’a rien de ringard. Mais à l’époque, on assiste à une vraie résurrection de la cotonnade de fleurs terriblement british que même la famille royale ne porte plus.

Cacharel va donc venir se ré-approprier le Liberty pour lui donner un souffle de fraîcheur, de romantisme et de liberté.

Cacharel installe son univers

Surfant sur le succès du Liberty, Cacharel continue son ascension et définit avec affirmation son univers. Jean Bousquet s’entoure d’un photographe et d’un publicitaire : Sarah Moon et Robert Delpire.

Le trio va construire l’identité de la marque : romantique, poétique, fraîche et avant-gardiste. Le visuel se veut fleuri, les photos au grain marqué, presque floues. Les jeunes filles de l’époque vont s’y reconnaître et adopter Cacharel avec enthousiasme.

Cacharel : la naissance d’une marque de parfum

En 1978, à bord d’un avion, Jean Bousquet rencontre le directeur général de L’Oréal. Les deux hommes sympathisent immédiatement et s’amusent à imaginer un parfum Cacharel.

Ils le voient comme un parfum d’adolescente : frais et innocent. C’est Annette Louit qui va s’occuper de la recette de la fragrance. Celle-ci va choisir l’innocence du muguet couplée à la féminité du lys. Tout ce qui définit une adolescente.

Nommé “Anaïs Anaïs”, ce parfum au nom double est ambivalent à lui tout seul. Sa recette va venir intégrer beaucoup de tubéreuse (une fleur à l’odeur puissante) mais bien habillée de rose, chèvrefeuille et jacinthe, l’illusion est parfaite.

Le premier parfum de Cacharel reste aujourd’hui emblématique. Aussi bien pour sa recette que pour sa bouteille en opaline blanche. Il est comme sa fragrance : léger, innocent mais aux multiples facettes.

Après ce premier succès, les parfums se multiplient chez Cacharel : Loulou, Cacharel pour homme, etc. Et la marque, initialement de prêt-à-porter, va venir se reposer sur ses acquis en parfumerie.

## Le retrait progressif de Jean Bousquet

Ses succès en parfumerie laisse une respiration à Jean Bousquet qui décide de s’engager en politique.

L’homme d’affaire devient maire de Nîmes en 1983. Il le restera jusqu’en 1995 et débutera sa carrière de député en 1986. Pendant ce temps, il oublie sa maison où les plans sociaux et les stylistes se succèdent, sans succès.

Ca n’est qu’en 2000, presque 20 ans plus tard que Jean Bousquet se ressaisit et décide de se réinvestir à nouveau pour son entreprise alors en difficulté.

Il commence par engager deux stylistes : Suzanne Clements et Inacio Ribeiro. Le couple va proposer des pièces modernes et colorées. Ils parviendront à remettre Cacharel sur le devant de la scène de la mode internationale le temps d’une saison. Un succès de courte durée qui aura pour effet d’éloigner Cacharel de son identité originelle.

Sept années s’écoulent. Jean Bousquet recrutent deux nouveaux stylistes : Wakako Kishimoto et Mark Eley. Surnommés les “saints-patrons de l’imprimé”, ce couple est plus en phase avec l’identité profonde de Cacharel. Avec leur 16 ans d’expérience et leur passage chez Marc Jacobs, Jean Bousquet fait le bon choix.

On peut ainsi ré-apprécier en 2009 le Liberty qu’on avait connu dans les années 70 et qui avait participé au succès de Cacharel.

Cacharel : aujourd’hui

Aujourd’hui, Cacharel est toujours une marque de prêt-à-porter avec des pièces fluides et aérées, toujours fidèle à ses motifs fleuris qui intègrent pleinement son identité, 60 ans plus tard.

Mais Cacharel, c’est surtout une parfumerie dynamique et novatrice. Pour exemple, son dernier parfum pour femme en date “Yes I Am” dont la bouteille adopte la forme d’un rouge-à-lèvre. On ne peut plus féminin !